En savoir plus sur l’alpinisme

Petite histoire de l’alpinisme

Quand a débuté l’alpinisme? Difficile de savoir vraiment, mais de tout temps, des populations, des gens, des paysans et des bergers ont habité en montagne, dans de hautes vallées et ont parcourus la montagne, passés des cols d’altitude par nécessité. Les commerçants, les guerriers, les contrebandiers ont depuis longtemps empruntés des chemins d’altitude.Peut-être même par curiosité et par soif de découverte, quelques hommes ont gravi des sommets.

On a retrouvé des objets datant de plusieurs millénaires, des récits et même un homme dans des zones glaciaires. En effet Ötzi, homme du Chalcolithique et qui aurait vécu 2500 ans avant Jésus Christ a été découvert à 3210 mètres d’altitude dans les Alpes de l’Otzal, près des Dolomites italiennes.
Quatre cent ans avant JC, Xénophon, élève de Socrate raconte dans l’Anabase sa retraite des « Dix Milles » où il ramena son armée à travers les chaîones de l’Asie Mineure.
Au III ème siècle avant JC, Hannibal fait sa célèbre traversée des Pyrénées et des Alpes avec 60 000 hommes et des éléphants.
Parmi les ascensions connues, on peut citer que l’empereur romain Hadrien gravit l’Etna vers 130 pour y contempler le lever du soleil.
Au XIII ème siècle après JC, Pierre d’Aragon monte au sommet du Canigou dans les Pyrénées Orientales.
Le poète italien Pétrarque gravit le Mont Ventoux en 1336.
En 1492, une expédition commanditée par le roi Charles VIII va amener Antoine de Ville et ses hommes au sommet du Mont Aiguille dans le sud Vercors à 2087m. Pour beaucoup d’historiens, cette ascension est considérée comme la naissance de l’alpinisme car c’est une expédition préparée minutieusement et nécessitant du matériel (corde, échelles) pour surmonter le passages d’escalade rocheuse.
Dans les Andes, des soldats espagnols escaladent le Popocatepetl en 1521, un sommet de 5452 m au Mexique.
En 1624, des jésuites franchissent le Mana La (5600m) Pour pénétrer au Tibet. ce sont sans doute les 1ers européens à traverser l’Himalaya.

Et bien sûr, toutes ces ascensions ne sont sans doute pas les seules car des gens de tout pays ont très certainement gravi depuis très longtemps des montagnes, passés des cols, réalisés des escalades plus ou moins difficiles, sans que des récits de leurs exploits n’aient été écrits ou retrouvés.

L’alpinisme dans les Alpes!

Et oui, les hommes ont couru la montagne partout dans le monde, mais l’alpinisme est né dans les Alpes!
Ce sont des anglais qui de passage à Chamonix, découvrent les glaciers immenses et la beauté des montagnes de ce massif. Ils revinrent au pays et racontant leur voyage à « Chamouni » à la haute société londonienne, lancèrent véritablement l’alpinisme comme activité. Les britanniques seront les principaux explorateurs des Alpes, notamment au cours du XIX ème siècle.

Le 7 août 1786, le Mont Blanc est gravi par Jacques BALMAT et Michel Gabriel PACCARD après qu’Horace Bénédicte de SAUSSURE tombé amoureux de cette montagne ait promis une récompense au(x) premier(s) à fouler le toit de l’Europe.
L’ascension du Mont Blanc lance véritablement le métier de guide. Les riches bourgeois anglais vont alors se lancer à l’assaut des plus hauts sommets de l’arc alpin accompagnés par des guides locaux, cristalliers ou chasseurs de chamois.
En 1820, une tentative tragique d’ascension du Mt Blanc par le docteur Hamel et ses guides va conduire les guides à s’organiser et à s’associer pour créer en 1821 la première compagnie des guides à Chamonix.

L’âge d’or

Ce sont les britanniques qui vont se lancer à l’assaut des plus hauts sommets des Alpes qui seront gravis pour la plupart entre 1854 et 1865. Durant cette période, plus de 180 sommets majeurs vont être gravis, dont la moitié par les anglais! Ceux -ci créent le premier club d’alpinistes en 1857: l’Alpine Club et ils vont engager les guides locaux pour « conquérir » toutes ces belles cimes.
Edward Whymper fut l’une des grandes figures de l’alpinisme. Entouré des meilleurs guides de l’époque (Michel CROZ de Chamonix, Franz BINER de Zermatt et Christan ALMER de Grindelwald), il gravira notamment les Grandes Jorasses, l’aiguille Verte, la Barre des Ecrins et le Cervin.

Le début de l’alpinisme technique

Après être montés sur les principaux sommets de l’Alpe par les voies normales, des cordées vont se lancer petit à petit dans des courses plus difficiles en privilégiant maintenant l’esthétisme et la difficulté.
En 1865, des anglais toujours (Matthews, Moore et Walker) amené par les grands guides de l’époque, les frères Andereg, gravissent le Mt Blanc par l’éperon de la Brenva!
En 1877, la Meije, dernier grand sommet vierge des Alpes va être vaincu par des français: Castelnau et les guides Gaspard.
Les Drus, les aiguilles de Chamonix, les immenses arêtes des Grandes Jorasses… vont être réussis par les meilleurs grimpeurs et alpinistes.
Alfred MUMMERY quand à lui et son guide Alexander BURGENER vont être des précurseurs de la difficulté: Arête de Zmutt au Matterhorn, les Grands Charmoz, le Grépon. Mummery réalise aussi des ascensions dans le Caucase et est un des premiers amateurs en partant sur des ascensions difficiles sans guide. Il meurt en tentant le Nanga Parbat en 1895.

Les grandes voies glaciaires et les grands itinéraires rocheux vont alors être tentés et réussis.
Tita Piaz et Paul Preuss vont réaliser des ascensions très difficiles d’escalade dans les Dolomites au début du XX ème siècle.

Les grandes faces Nord

Le matériel et la technique évoluant, l’Homme cherchant toujours à faire plus difficile, les alpinistes vont alors se lancer à l’assaut des grandes faces.
La face Nord des Grands Charmoz dans le massif du mont Blanc est gravis en 1931.
Les 3 grandes faces N des Alpes: le Cervin, les Grandes Jorasses et l’Eiger, avec des itinéraires mixtes très difficiles et de plus de 1000 mètres de haut vont être réussis entre 1931 et 1938.
Emilio Comici, grand grimpeur italien réalise des escalades très difficiles et hallucinantes pour l’époque dans les Dolomites.
Ricardo Cassin est aussi un excellent varapeur.Il va s’illustrer dans « sa » voie à la Cima Oueste di Lavaredo, au Piz Badile et à l’éperon Walker en face N des « Jojos ».
Giusto Gervasutti, , Pierre Allain, Armand Charlet, Louis Lachenal, Lionel terray et Gaston Rébuffat font partis des « grands » noms de l’alpinisme.

Durant cette période des années 30, Roger Frison Roche et Allain Ledoux créent la 1ère école privé d’alpinisme à Chamonix et Comici fondera son équivalent en Italie dans les Dolomites.

L’après guerre: l’alpinisme se démocratise

On va assister à une grande évolution de l’alpinisme dans les années 1945 au années 70: des voies de plus en plus difficiles vont être ouvertes, les hivernales vont se généraliser, c’est l’âge d’or de l’himalayisme, création du diplôme de d’Etat de guide, le matériel technique va évoluer très vite.
Le retour de la paix s’accompagne d’une période de croissance, voit l’apparition de congés payés… tout ceci va permettre au plus grand nombre de pratiquer une activité réservée jusque là aux plus riches.

L’école nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) voit le jour en 1943. En 1946, on voit la création du syndicat national des guides. Dans les années 50 va s’organiser le secours en montagne avec la création des CRS de montagne et du PGHM ( Pelotons de Gendarmerie de Haute Montagne).

Au niveau des réalisations en montagne, la plupart des parois et des faces encore non parcourues vont être ouverte dans les années 60.
Walter Bonatti et René Desmaison sont 2 grandes figures de l’alpinisme qui vont réaliser de grandes premières dans des faces qui paraissaient jusque là impossible à gravir. Lionel Terray, Louis Lachenal et Gaston Rébuffat, tout 3 guide de haute montagne, vont continuer sur leur lancée en réalisant des ascensions exceptionnelles tant au niveau de la difficulté mais aussi de la beauté des itinéraires.
En Himalaya, tous les « 8000 » vont être gravis entre 1950 et 1964.

Des années 70 à nos jours

Tout a été déjà fait? Non! Certes les grands sommets et les grandes faces des Alpes ont déjà été gravies, mais il reste encore de nombreux itinéraires à explorer, répéter des voies très difficiles en hivernale. Les alpinistes vont se créer des challenges en réalisant des enchaînements de voies extrêmes (ex: Faces nord des Grandes Jorasses, du Cervin et de l’Eiger), le solo va devenir plus fréquent.

L’escalade sur glace jusque là quasi inexistante va énormément progresser. Les premières cascades de glace vont être gravies, les lignes de goulottes vont de plus en plus attirer l’alpiniste. Tout ceci grâce à l’évolution du matériel qui va faciliter notablement ces activités.

L’escalade en rocher va aussi connaître une évolution grandissante et avec l’équipement des falaises, l’escalade va devenir une activité et un sport à part entière. Les meilleurs grimpeurs actuels font du 9a à vue et du 9b+ après travail !!

Le ski va également se démocratiser et connaître un grand succès avec le développement des stations de ski. Les couloirs raides et les grandes faces vont être descendues en ski et en snowboard.

Et maintenant?

Dans l’arc alpin, les ouvertures sont maintenant beaucoup moins fréquentes. les lignes éphémères de glace, les placages et le dry tooling (escalade sur rocher avec piolets et crampons) vont attirer l’œil des forts grimpeurs. On répète très rapidement des itinéraires extrêmes. On va libérer des voies qui étaient jusque là parcourues en escalade artificielle. On va mixer alpinisme, ski, parapente, base jump…

En Himalaya et dans les massifs éloignés (Alaska, Patagonie, Cordillère de Darwin), il reste encore de grandes faces et des sommets à découvrir.

Mais l’alpinisme est pluriel et même si beaucoup de choses ont été faites, la montagne reste un milieu exceptionnel où l’on peut évoluer et se faire plaisir dans des voies et itinéraires de tout niveau. La haute montagne est maintenant beaucoup plus accessible et reste un domaine encore préservé. L’alpinisme nous fait évoluer dans ce monde hors norme et encore pas entièrement légiféré par l’Homme. Il permet de partager des moments de grandes intensité humaines et avec la nature, de découvrir « l’autre » et soi même.